Du danger au plaisir
2004-10-14
Il n'y a pas si longtemps, les joueurs de hockey ne portaient pas de casque protecteur, on ne trouvait pas de ceintures de sécurité dans les voitures et les maisons n'étaient pas équipées de détecteurs de fumée. Aujourd'hui, de nombreux produits sont proposés pour protéger la vie et augmenter la sécurité des gens. La normalisation et la certification ont joué un rôle important en fournissant des solutions aux besoins exprimés par la société de pouvoir se procurer des produits de qualité répondant à des critères de sécurité.
Plusieurs facteurs font du hockey et des autres sports d'équipes sur glace des sports à haut risque de blessures. Les lames de patin sont très coupantes et, lorsque les joueurs tombent sur la glace, ils risquent une coupure sérieuse dans la région du cou où se situent les gros vaisseaux sanguins qui assurent la circulation du sang au cerveau. Sans une intervention rapide et appropriée, la coupure d'un de ces vaisseaux sanguins par une lame de patin peut provoquer en moins d'une minute une perte de sang qui peut se révéler mortelle.
Avant 1975, plusieurs accidents de ce type sont survenus et certains ont provoqué la mort de joueurs de hockey dans plusieurs ligues. En janvier 1975, Kim Crouch, un jeune gardien de but de Whitby en Ontario, s'est fait couper sévèrement au cou lors d'un match de la ligue Junior A. Grâce à l'intervention rapide et appropriée de Joe Piccininni, le soigneur de l'équipe, et à son transfert rapide à l'hôpital où il a séjourné pendant huit jours, Kim, qui a subi une opération d'une durée de deux heures nécessitant 40 points de suture, a eu la vie sauve. À la suite de cet accident qui aurait pu coûter la vie à son fils, Ed Crouch, le chef de service de pompiers de Whitby, a décidé d'agir et il a développé un nouvel équipement de protection contre ce type d'accident : un protège-cou. Kim est retourné jouer dans un match hors concours six semaines après l'accident en portant le prototype du protège-cou développé par son père. Cinq mois plus tard, la famille Crouch avait déjà fondé une entreprise familiale pour la fabrication et la vente de protèges-cous. Cette nouvelle pièce d'équipement a été par la suite utilisée volontairement par des joueurs de plusieurs ligues de hockey mineures, surtout en Ontario.
Au Québec, de 1983 à 1986, deux décès tragiques et plusieurs cas de lacérations au cou relevés par les médias n'avaient pas encore suffi à inciter beaucoup de joueurs à utiliser de leur propre chef cet équipement de protection offert sur le marché. Conséquemment, la Fédération québécoise de hockey sur glace a décidé de rendre obligatoire le port du protège-cou pour les ligues mineures en 1986.
En dépit des efforts déployés, il s'est révélé difficile de faire accepter ce nouveau règlement par les joueurs de hockey. Plusieurs réticences sont toutefois tombées, lorsque, le 22 mars 1989, le gardien de but des Sabres de Buffalo, Clint Malarchuk, était lui aussi victime d'une coupure au cou devant les caméras de télévision. Si ce dernier a laissé beaucoup de sang sur la glace, le soigneur de son équipe a pu heureusement lui sauver la vie. Il aura fallu ce drame pour que le port du protège-cou soit perçu comme un geste qui relève autant du gros bon sens que de la conformité à une réglementation.
En mars 1986, afin de répondre aux besoins exprimés par le milieu d'assurer une protection adéquate aux joueurs de hockey, le Bureau de normalisation du Québec (BNQ) entreprend des travaux d'élaboration d'une norme sur les protège-cous avec un comité de normalisation équilibré composé de fabricants, d'utilisateurs et d'experts techniques. Ce comité devient alors un forum privilégié de communication et de collaboration entre les différentes instances. Le comité sous la coordination du BNQ établit des exigences pour permettre l'élaboration d'une norme visant à diminuer les risques de lacération au cou, tout en augmentant la sécurité des joueurs de hockey et de ringuette.
La norme du BNQ a été publiée en mai 1990 et elle est devenue une norme nationale du Canada en septembre 1990. La norme CAN/BNQ 9415-370 est la première norme à travers le monde sur les protège-cous et elle reste encore aujourd'hui la seule qui soit utilisée pour un programme de certification permettant la reconnaissance de la conformité. En 1992, le gouvernement du Québec révisait le règlement sur les équipements protecteurs pour la pratique du hockey sur glace en exigeant le port de protège-cous conformes à cette norme. L'Association canadienne de hockey amateur (de nos jours, Hockey Canada) et l'association Ringuette Canada obligent dorénavant, et ce, depuis septembre 1993, les joueurs des ligues mineures partout au Canada à porter un protège-cou certifié à la norme nationale faite par le BNQ.
Et qui pourra le mieux veiller à ce que les joueurs portent l'équipement adéquat, si ce ne sont les arbitres! En effet, ceux-ci peuvent vérifier facilement la conformité des protège-cous à la norme du BNQ en recherchant la marque de certification du BNQ sur les protège-cous des joueurs. L'organisation Speed Skating Canada a emboîté le pas et exige maintenant que les coureurs de vitesse courte piste portent eux aussi des protège-cous. Actuellement, le BNQ coordonne les travaux de révision de la norme avec un comité de normalisation qui travaille à la troisième édition qui sera publiée au début de 2005.
À la suite de l'initiative d'un parent qui a failli perdre son fils dans un accident de hockey, il existe aujourd'hui des protège-cous certifiés qui protègent les joueurs de sports sur glace contre les lacérations au cou. Le BNQ a regroupé les intervenants du milieu pour l'élaboration d'une norme qui est appliquée par des organisations non réglementaires en vue de répondre à une problème de sécurité collectif. Le protège-cou a fait ses preuves, puisqu'aucun accident mortel n'est survenu aux joueurs qui le portaient.
L'entreprise familiale Kim Crouch Ltd. fabrique toujours des protège-cous en Ontario et l'utilisation du protège-cou pour les sports d'équipes sur glace s'est répandue à un tel point que des multinationales fabriquent maintenant des protège-cous certifiés à la norme CAN/BNQ 9415-370 aussi loin qu'en Amérique du Sud et en Asie.
Rédaction :
Nicole Gagné, ing., et Jim Ferrero, ing.
BNQ – Normalisation
-30-
Cet article est paru pour la première fois dans le volume 31 de la revue CONSENSUS, 2004. L'information qu'il contient était exacte au moment de la publication mais n'a pas été mise à jour ni révisée depuis. Elle pourrait donc ne pas tenir compte de l'évolution récente du sujet traité. Si vous avez des questions au sujet du contenu de cet article, n'hésitez pas à communiquer avec le Conseil canadien des normes.
Retour