La pratique des sports et loisirs, la sécurité en tête!
2005-10-18
Les gouvernements, l’industrie et les consommateurs en sont venus à considérer les normes comme le fer de lance de la sécurité publique. S’il est un domaine où cela n’est que trop vrai, c’est bien celui de la sécurité dans les sports et loisirs, où les experts ont uni leur savoir pour protéger les Canadiens des blessures. Le bilan des réalisations des trente dernières années est tout à fait remarquable.
Au début des années 1970, un comité de bénévoles dévoués a fait œuvre de pionnier en élaborant la première norme canadienne sur les casques de hockey sur glace, la CAN/CSAZ262.1. Non seulement ce comité a-t-il, grâce à ses travaux, contribué à réduire la fréquence des blessures graves à la tête, mais il s’est acquis une reconnaissance internationale pour avoir rehaussé les niveaux de rendement des casques de hockey.
L’Association canadienne de normalisation (CSA) publiait en 1977 la toute première norme sur les protecteurs faciaux et les visières pour joueurs de hockey sur glace. Depuis, le nombre de blessures oculaires enregistrées a chuté, passant d’environ 290 blessures par année à moins de 10. Durant cette période, le taux de participation à ce sport a pourtant augmenté. S’intéressant à la sécurité à vélo, la CSA a constaté que la tolérance d’un enfant aux traumatismes crâniens différait de celle d’un adulte. Elle a donc élaboré une norme, la seule du genre en Amérique du Nord à prévoir des critères de rendement distincts pour les casques protecteurs pour enfants de moins de cinq ans. Depuis l’approbation comme Norme nationale du Canada de la norme CAN/CSA-D113.2, intitulée Casques protecteurs pour cyclistes, le nombre de jeunes enfants morts dans des accidents de bicyclette a diminué considérablement.
Ces résultats sont impressionnants, certes, mais si nous voulons, en tant que société, continuer à réduire le nombre de blessures à la tête reçues lors d’activités récréatives, nous avons encore beaucoup à faire.
Blessures et prévention
Environ 10 p. 100 des hospitalisations pour traumatisme crânien sont liées à des blessures subies durant la pratique de sports récréatifs, et nombreuses sont les preuves indiquant que le port d’un casque protecteur contribue à réduire la gravité et la fréquence de ces types d’accidents. Des études sur le terrain menées partout dans le monde montrent que le port d’un casque pour cycliste permet de réduire le risque de blessures à la tête de 45 à 88 p. 100.
Selon une étude réalisée par le Children’s Hospital de Colombie-Britannique auprès de skieurs et adeptes de la planche à neige, le port d’un casque chez les enfants de moins de 13 ans réduit de moitié le risque de blessures à la tête. Des résultats qui concordent avec ceux d’autres études faites aux États-Unis et en Suède. D’autres études américaines récentes sur la fréquence des blessures et l’efficacité de l’équipement de protection ont conclu que l’utilisation de protège-poignets, genouillères, coudières et casques protecteurs contribuait bel et bien à prévenir les blessures chez les adeptes du patin à roues alignées.
Notre système de soins de santé étant de plus en plus pressé de contenir les coûts, le port du casque a pris une dimension d’ordre public tout à fait légitime. L’Ontario Brain Injury Association évalue à plus de 2 800 $ les frais hospitaliers liés directement aux lésions cérébrales acquises, et pourtant le casque protecteur qui permet de prévenir ce genre de blessures ne coûte que 30 $ à 50 $. Qui plus est, les traumatismes crâniens tendent à être plus graves que d’autres types de blessures subies au jeu, mettent beaucoup plus de temps à guérir et risquent d’entraîner une invalidité permanente.
Un appui qui va croissant
Avec des résultats pareils, rien d’étonnant à ce que le public soit de plus en plus pour le port du casque. Selon les sondages nationaux et provinciaux réalisés ces cinq dernières années, 79 p. 100 des parents sont pour le port obligatoire du casque protecteur chez les adultes et les enfants (Environics, 2002). Aux États-Unis, certains exploitants de stations de ski ont adopté des politiques qui obligent les enfants à porter sur leurs pentes un casque pour faire du ski ou de la planche à neige.
Aujourd’hui, plus de 30 p. 100 des Canadiens sont assujettis aux lois et règlements sur le port du casque pour cycliste (en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario, au Nouveau- Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse ainsi que dans diverses municipalités). Les taux d’accidents avec blessures étant de 25 p. 100 plus faibles dans ces provinces, beaucoup d’instances envisagent également de rendre obligatoire le port du casque pour d’autres activités telles que le patin à roues alignées, la planche à roulettes et la trottinette. La Nouvelle-Écosse a déjà adopté des règlements dans ce sens et l’Ontario s’apprête à lui emboîter le pas.
Le temps d’agir
Si l’on peut se procurer des casques protecteurs partout au Canada, il n’existe cependant aucune approche uniforme concernant leur sécurité. Les casques conçus pour la pratique d’activités récréatives, mis à part ceux prévus pour le cyclisme et le hockey, n’ont pas à respecter des normes de sécurité. Il n’existe pas non plus pour ces casques de cadre uniforme de normalisation nationale. Pourtant, le patin à roues alignées, la planche à neige et la planche à roulettes ne cessent de gagner en popularité.
Les gouvernements, les prestataires de soins de santé, les fabricants, les détaillants et les consommateurs cherchent tous des solutions : des normes susceptibles d’appuyer et la réglementation et les initiatives axées sur la prévention des blessures. Pour cette raison, la CSA a établi avec SAUVE-QUIPENSE, l’un des champions nationaux de la prévention des blessures, un partenariat en vue d’établir un programme de normalisation des casques protecteurs pour activités récréatives, programme qui comporte un volet éducatif visant les installations récréatives et le grand public. Plus tôt cette année, le gouvernement de la Colombie-Britannique a versé à ce programme un don généreux de 50 000 $, et l’on cherche actuellement d’autres sources de financement. L’élaboration des normes est censée commencer vers la fin de 2005.
Le partenariat CSA/SAUVE-QUI-PENSE contribuera à la réalisation des objectifs régionaux et nationaux en matière de prévention des blessures et de promotion de modes de vie sains. Industrie Canada, Santé Canada et divers territoires et provinces ont dit appuyer un tel programme, qui marie normalisation et sensibilisation.
Le processus d’élaboration des normes comportera un examen par les pairs canadiens des normes existantes (ASTM, CEN), qui s’appuieront sur les données et les pratiques exemplaires pour combler les lacunes repérées. Il permettra de bâtir et de mettre à profit des partenariats avec les principaux organismes de prévention des blessures qui possèdent une expertise dans le domaine de la sécurité des casques pour activités récréatives, et ce, pour être à même de tenir compte des besoins des Canadiens. Ce processus englobera l’industrie et les intéressés du gouvernement de sorte que les normes qui en découleront, qu’elles traitent d’un sport en particulier ou qu’elles soient multifonctionnelles, serviront les intérêts des particuliers et dumilieu des affaires.
Relever de front les nombreux défis liés à la sécurité dans les loisirs exige soutien, coopération et persévérance. Compte tenu de l’intérêt manifesté par les diverses compétences du Canada, de la sensibilisation accrue des consommateurs aux questions de sécurité dans les loisirs et du besoin exprimé par les fabricants d’uniformiser et de rendre prévisibles les règles du jeu, il faut agir dès maintenant.
Rédaction : Pat Keindel est présidente de la division des Normes de l’Association canadienne de normalisation (CSA), l’un des quatre Organismes canadiens d’élaboration de normes (OEN) accrédités par le CCN. Les normes CSA jouent un rôle important dans la protection et la préservation de la santé et de la sécurité des Canadiens.
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Cet article est paru pour la première fois dans le volume 32 de la revue CONSENSUS, 2005. L'information qu'il contient était exacte au moment de la publication mais n'a pas été mise à jour ni révisée depuis. Elle pourrait donc ne pas tenir compte de l'évolution récente du sujet traité. Si vous avez des questions au sujet du contenu de cet article, n'hésitez pas à communiquer avec le Conseil canadien des normes.
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