Mesurer le succès une norme à la fois
2005-09-28
« Un voyage de mille milles commence par un premier pas. »
Pour le Conseil canadien des normes (CCN), ce dicton ne saurait être plus pertinent. À titre d’organisme national de normalisation, le CCN a entrepris plusieurs projets importants pour promouvoir une normalisation volontaire efficiente et efficace au Canada. Mais, comme tout voyage, celui du CCN a commencé, il y a trente-cinq ans, par un premier pas déterminant.
Grâce à ce premier pas, le voyage de mille milles se mesure désormais en kilomètres : en 1973, soit trois ans seulement après sa création par une loi du Parlement, le CCN a adopté le système métrique comme première Norme nationale du Canada (NNC).
Le Système international d’unités (SI) donnait la définition officielle des unités métriques alors que la deuxième Norme nationale du Canada qui avait été approuvée par le CCN, le Guide canadien de familiarisation au système métrique, portait sur l’application du système métrique.
Bien que les normes soient une étape importante de la conversion du Canada au système métrique, le processus a réellement commencé en 1970 avec le Livre blanc sur la conversion au système métrique du Canada du Premier ministre Pierre Elliot Trudeau, dans lequel était décrite en détail la politique du gouvernement pour instaurer un système de mesures plus connu à l’échelle internationale. Dans la même lignée, la Loi sur les poids et mesures a été ensuite modifiée au Parlement en 1971 pour rendre obligatoire la conversion du Canada au système métrique.
Le gouvernement a mis sur pied, cette même année, la Commission du système métrique Canada pour coordonner la métrisation dans tous les secteurs de l’économie et pour éduquer le public à cet égard. Le CCN a d’ailleurs siégé à cette Commission, jusqu’à son démantèlement en 1985, afin de conjuguer tous les efforts de conversion liés aux normes.
L’utilisation du système métrique a été volontaire au Canada pendant près de 100 ans, mais jusqu’en 1970, on l’utilisait surtout dans des applications scientifiques. La Commission a fait entrer le système métrique dans la vie de tous les jours des Canadiens. Aussi pouvait-on constater, pendant les années 1970, ces changements sur les panneaux routiers, dans les stations-services et dans les supermarchés, ainsi que dans les bulletins météorologiques où l’on commençait à annoncer les températures en degrés Celsius plutôt qu’en Fahrenheit.
« Jusqu’en 1970, les mesures étaient exprimées au Canada en unités du système impérial même si les unités métriques étaient légales et que les gens pouvaient les utiliser », d’expliquer Doug Hutchinson, agent principal de programme, Marchandises et Information sur le métrique, à Mesures Canada. « Les gens ne le faisaient tout simplement pas. »
Il a fallu attendre son entrée dans les écoles et la vie quotidienne pour que le système métrique puisse s’enraciner au Canada. Ainsi, en devenant de plus en plus familiers avec le système, de nombreux Canadiens ont pu alors constater les avantages de sa simplicité.
Selon le système métrique, toutes les mesures sont basées sur des multiples de dix et le nom de chaque mesure désigne le multiple. Par exemple, « kilo » signifie « mille » (1 000), donc un kilomètre vaut mille mètres. Que dire alors de cette logique par rapport à celle du système impérial où trois pieds font une verge et cinq verges et demie font une perche.
Mais les avantages du système métrique vont au-delà de la simplicité. Au niveau international, seuls trois pays n’utilisent pas le système métrique, à savoir les États-Unis, le Libéria et le Myanmar (anciennement la Birmanie), alors que le reste du monde, soit 95 % de la population, utilise des mesures métriques. C’est donc un système qui est plus connu à l’échelle internationale et qui a grandement facilité le commerce mondial.
Selon Doug Hutchison : « Le système métrique facilite le mouvement des biens dans le monde, ce qui est un avantage considérable pour les importateurs et les exportateurs. »
Alors que le plus important partenaire commercial du Canada, c’est-à-dire les États-Unis, n’était pas disposé à se convertir au système métrique, la majorité de l’industrie canadienne appuyait par contre cette conversion. Cette volonté était attribuable en partie au fait que même si les États-Unis ne voulaient pas délaisser officiellement le système impérial, plusieurs industries, dont celle de l’automobile, utilisaient déjà presque uniquement des mesures métriques.
Quoique le système métrique soit plus simple et plus économique, les deux systèmes, métrique et impérial, sont utilisés de manière interchangeable dans le langage populaire de la majorité des Canadiens. Cependant comme les nouvelles générations de Canadiens et Canadiennes n’ont connu que le système métrique et qu’elles commencent à l’emporter en nombre sur celles qui ont grandi avec le système impérial, la prédominance du système métrique ne fera que s’accroître.
Depuis sa toute première norme nationale, notre pays a déjà parcouru plusieurs étapes de son voyage vers une conversion totale au système métrique, un voyage qui n’est plus de mille milles, mais de 1 609 kilomètres.
Retour