Assoiffés d'information
2005-10-18
Il fut un temps où une pomme chaque jour pouvait nous éviter les visites chez le médecin, mais aujourd’hui, beaucoup de Canadiens réfléchissent un peu plus à l’effet que les aliments qu’ils consomment ont sur leur état de santé général.
Un rapport de Statistique Canada publié en juillet 2005 montre que bien que les Canadiens sont de plus en plus nombreux à surveiller leur alimentation et à vouloir atteindre un poids santé, le taux d’obésité enregistré au pays a sensiblement augmenté ces 25 dernières années. Il en est de même pour certaines maladies graves qui sont liées à l’obésité, dont le diabète de type 2, les maladies du cœur et certains types de cancer.
Confrontés à ces statistiques troublantes, où se tournent les Canadiens pour obtenir des renseignements fiables sur leur alimentation?
Si elles ne sont pas une lecture passionnante, les étiquettes des produits alimentaires sont pourtant lues attentivement par nombre de consommateurs. En effet, une étude sur les tendances alimentaires, réalisée en 2004 par le Conseil canadien des aliments et de la nutrition (CCAN), a révélé que pour 75 p. cent des personnes sondées les étiquettes des produits alimentaires étaient la première source d’information nutritionnelle.
« Les consommateurs veulent vraiment en savoir plus, dit Francy Pillo-Blocka, directrice générale du CCAN. Ils sont assoiffés d’information sur les produits qu’ils consomment et les effets que ceux-ci peuvent avoir sur leur santé. »
L’étude donne à penser qu’une majorité de Canadiens lisent les étiquettes et qu’en général, ils se fient à l’information qui s’y trouve. On ne peut pas en dire autant de la plupart des renseignements sur le régime alimentaire et la santé que leur servent les médias. Ce que n’ont probablement pas manqué de remarquer ces Canadiens, au cours des dernières années, c’est que leurs aliments préférés comportent à présent de plus en plus souvent sur leurs étiquettes une information nutritionnelle bien mise en évidence, qui est plus complète et plus facile à lire que par le passé.
Cette amélioration est attribuable en partie aux modifications apportées au Règlement sur les aliments et les drogues du Canada, annoncées le 1er janvier 2003, selon lesquelles la plupart des aliments préemballés doivent comporter sur leurs étiquettes un tableau de la « valeur nutritive » conforme à un modèle normalisé.
Ces tableaux doivent indiquer la valeur calorique selon la grosseur de la portion déclarée, ainsi que le pourcentage de l’apport quotidien recommandé et la teneur en 13 nutriments essentiels contenus dans une portion. Le règlement révisé énonce aussi des exigences strictes concernant les allégations des producteurs relatives aux valeurs nutritives (c’est-à-dire, sans matières grasses, riche en fibres, faible teneur en sel) et aux affirmations sur les bienfaits de certains nutriments pour la santé. La plupart des producteurs alimentaires devront se conformer entièrement à tous ces changements d’ici le 12 décembre 2005. Les petites entreprises ont jusqu’en 2007 pour apporter les changements nécessaires.
En tant qu’organisme responsable de l’application du règlement sur l’étiquetage, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) recommande fortement aux producteurs de confier aux laboratoires accrédités par le Conseil canadien des normes (CCN) le soin de réaliser les analyses nutritionnelles à l’appui des allégations figurant sur les étiquettes. Les laboratoires accrédités par le CCN ont prouvé leur respect des exigences de l’ISO/CEI 17025, norme sur la compétence des laboratoires d’étalonnage et d’essais reconnue à l’échelle internationale.
Ron Reddam, est représentant technique principal du service des sciences alimentaires de Maxxam Analytique, un laboratoire canadien accrédité par le CCN qui offre des services d’analyses nutritionnelles à des milliers de clients canadiens, parmi lesquels des grands et petits producteurs d’aliments, des chaînes d’épiceries et des restaurants-minute.
« Les entreprises veulent s’assurer que le chiffre inscrit sur leur compteur de vitesse est le même que celui obtenu par le pistolet radar qui pourrait être pointé sur elles », dit M. Reddam. Il explique que l’accréditation est l’un des moyens permettant à Maxxam de prouver à ses clients que ses résultats sont fiables et précis. Un autre moyen, selon lui, consiste à utiliser les méthodes d’analyses recommandées par l’ACIA pour les nutriments principaux tels que les acides gras (valeur totale, acides gras saturés et trans) et la vitamine C.
Il ajoute que les clients souhaitent s’assurer qu’ils reçoivent des données aussi précises que possible sur leurs produits, non seulement par souci de se conformer au règlement, mais aussi pour prouver leur sens des responsabilités vis-à-vis des consommateurs et des détaillants, de plus en plus exigeants dans un environnement compétitif.
« Cette tendance n’est pas seulement due au règlement, elle est également dictée par les consommateurs, qui demandent, voire exigent que les producteurs soient responsables de la fiabilité de leurs allégations sur la valeur nutritive de leurs produits. »
Selon M. Reddam, le nombre de clients qui demandent des analyses nutritionnelles a augmenté depuis que Santé Canada a annoncé en 2003 ses nouvelles exigences; toutefois, certains producteurs réalisaient déjà ce type d’analyses. Pour certains, elles leur permettaient de répondre aux exigences des États-Unis, où l’étiquetage était obligatoire depuis plusieurs années déjà.
Dans de nombreux cas, d’autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement ont intégré à leurs exigences l’analyse nutritionnelle par un laboratoire accrédité de tous les nutriments à mention obligatoire.
« Qu’elles indiquent ou non l’information nutritionnelle sur l’emballage de leurs produits, la plupart des entreprises, même celles qui n’y sont pas tenues, respectent à présent le règlement », poursuit M. Reddam, précisant que la demande du marché est une autre raison qui a incité les entreprises à faire analyser leurs produits et à les étiqueter en conséquence.
Selon lui, il est particulièrement important d’obtenir des résultats d’analyse exacts compte tenu des nouvelles directives, plus rigoureuses, concernant les allégations nutritionnelles et santé.
Les producteurs ne souhaitent pas voir quelqu’un d’autre, que ce soit l’ACIA, un concurrent ou un consommateur inquiet, analyser leurs produits pour découvrir que ces derniers ne correspondent pas aux allégations faites sur l’emballage. M. Reddam estime que recourir à un laboratoire accrédité et avoir ces résultats sous la main permet aux entreprises de prouver qu’elles assument leur obligation de rendre des comptes.
En plus d’être responsables devant les consommateurs des éléments contenus dans leurs produits, les producteurs sont de plus en plus pressés, selon Mme Pillo-Blocka, en raison d’exigences en matière d’étiquetage nutritionnel plus sévères, d’expliquer pourquoi leurs produits contiennent ces éléments. Elle cite l’exemple des acides gras trans, qui ont été associés dans plusieurs études médicales récentes à l’obésité et au diabète. Le règlement de Santé Canada exige que les acides gras trans soient mentionnés sur les étiquettes. De ce fait, remarque-t-elle, de nombreuses entreprises ont revu leurs produits pour en réduire sensiblement la teneur en gras trans ou éliminer complètement ces derniers.
C’est encourageant de voir les consommateurs se servir des étiquettes pour maîtriser leurs habitudes alimentaires et adopter un mode de vie plus sain, un mode de vie qui pourrait bien comprendre une pomme par jour.
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Cet article est paru pour la première fois dans le volume 32 de la revue CONSENSUS, 2005. L'information qu'il contient était exacte au moment de la publication mais n'a pas été mise à jour ni révisée depuis. Elle pourrait donc ne pas tenir compte de l'évolution récente du sujet traité. Si vous avez des questions au sujet du contenu de cet article, n'hésitez pas à communiquer avec le Conseil canadien des normes.
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