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Place aux bâtiments verts et intelligents!

2008-10-14

Obéir à des principes environnementaux stricts peut parfois sembler autant une religion qu’un mode de vie. Il est souvent difficile, voire inconciliable de trouver un équilibre entre l’intention de vivre dans le respect de l’environnement et l’attrait des commodités de la vie moderne. Déménager dans des igloos ou des maisons semi-souterraines faites de terre est un choix écologiquement viable, c’est vrai, mais irréaliste pour la plupart des gens.

Plus qu’un symbole de commodité moderne, les bâtiments sont aussi souvent le cœur de l’activité économique et un modèle de confort. Ils sont également le principal ennemi de l’environnement. Entre leur utilisation des ressources naturelles, la pollution de l’air qu’ils engendrent au cours de leur construction et les ressources d’énergie qu’ils consomment durant leur cycle de vie, les bâtiments (commerciaux et résidentiels) dépassent les transports en fait de quantité totale de dioxyde de carbone rejeté dans l’atmosphère. Selon l’U.S. Green Building Council, les bâtiments aux États-Unis sont responsables d’environ 30 pour cent des émissions de gaz carbonique et de 60 pour cent de la consommation d’électricité du pays.

Au Canada, les bâtiments représentent 37 pour cent de la consommation d’énergie primaire et presque 30 pour cent des émissions de gaz à effet de serre, d’après le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa).

La demande du secteur de la construction immobilière étant peu susceptible de baisser prochainement, de nombreux ingénieurs choisissent plutôt d’allier deux concepts pour apporter une solution aux problèmes environnementaux — des bâtiments qui sont non seulement intelligents, mais aussi écologiques.

« L’immobilier au Canada consomme tellement d’énergie que tout ce qui peut être fait pour en améliorer l’efficacité est un pas important pour le Canada et ses objectifs face aux changements climatiques », affirme Glenn Tubrett, directeur du programme Environnement construit à l’Association canadienne de normalisation (CSA). « Et je crois que construire des bâtiments verts et y intégrer des systèmes d’automatisation est une progression naturelle. »

Selon la définition qu’en donne Industrie Canada, « un bâtiment est dit intelligent s’il est doté d’une infrastructure de télécommunications qui assure son adaptation continue aux conditions changeantes, s’il permet une utilisation plus efficace des ressources et s’il offre un confort et une sécurité accrus à ses occupants » [1].

Les bâtiments intelligents consomment moins d’énergie grâce à l’intégration de composantes auparavant séparées — le chauffage, la ventilation, la climatisation, la sécurité et la sécurité-incendie, l’alimentation énergétique et l’éclairage — dans un seul système centralisé qui surveille le fonctionnement de chaque composante et élimine toute inefficacité énergétique. Dans le jargon de la construction, c’est ce qu’on appelle l’« immotique ».  

L’éclairage est d’ailleurs souvent une grande source d’énergie gaspillée. Les systèmes d’éclairage génèrent habituellement plus de chaleur que de lumière, de telle façon qu’à l’été, l’appareil de conditionnement d’air peut même sous l’effet de l’éclairage se mettre en marche pour rafraîchir une pièce, ce qui gaspille encore plus d’énergie.

Les systèmes d’immotique sont dotés de fonctions intelligentes conçues pour réduire la consommation d’énergie : des détecteurs de présence qui allument les lumières s’il y a quelqu’un, des systèmes informatiques qui s’éteignent automatiquement lorsque l’employé a quitté l’immeuble de bureaux et des salles de conférence configurées pour ajuster la circulation d’air.

Bien qu’il ne soit pas obligatoire d’inclure des composantes vertes dans un bâtiment intelligent selon la définition de ce qui constitue un bâtiment intelligent, et vice-versa, il y a souvent des chevauchements entre ces deux concepts parce que les économies d’énergie réalisées sont profitables d’un côté comme de l’autre. Lorsque les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation sont reliés à un système intégré, il est possible de les gérer de façon à réduire non seulement les dépenses d’énergie inutiles, mais aussi les dépenses proprement dites.

« La plupart du temps, si un bâtiment a reçu la cote or, argent ou platine en tant que bâtiment vert dans le cadre du programme Leadership in Energy and Environmental Design (LEED), il comporte aussi des systèmes intégrés », dit Ronald J. Zimmer, président-directeur général de la Continental Automated Buildings Association (CABA). « Il n’est pas obligatoire de doter un bâtiment vert de systèmes intégrés, mais ne pas en inclure du tout est très rare. »

CABA est une association industrielle sans but lucratif qui distribue à ses membres et à l’industrie de l’information sur les bâtiments intelligents et qui encourage l’intégration de technologies intelligentes dans les immeubles résidentiels et commerciaux en Amérique du Nord.

M. Zimmer estime qu’investir dans la réduction de la consommation d’énergie et l’intégration d’un système de gestion énergétique peut entraîner une diminution de 35 à 45 pour cent des coûts liés à l’énergie tout au long de la durée de vie d’un bâtiment. D’ailleurs, CABA entreprend actuellement un projet de recherche intitulé Convergence of Green and Intelligent Buildings qui quantifiera les économies d’énergie et fera ressortir les avantages à long terme, pour les institutions commerciales et les immeubles à multiples logements, d’utiliser des composantes à la fois intelligentes et écologiques.

« Les coûts énergétiques ont grimpé en flèche, explique M. Zimmer. Et c’est en grande partie ce qui pousse actuellement les gens vers les systèmes intégrés. Ils veulent éviter les durs effets de ces hausses qui se font sentir dans leurs profits et leurs frais d’exploitation. »

Pour ce qui est des normes, celles relatives aux codes du bâtiment et à l’installation existent depuis des dizaines d’années. Or, les bâtiments verts et intelligents ont ouvert la voie à la création de nouvelles normes dans le domaine de la construction.

« La toute dernière tendance consiste à considérer l’efficacité globale de l’ensemble du bâtiment comme un système », de dire M. Tubrett.

En outre, ces nouvelles normes sont nécessaires afin de faciliter la collaboration entre des professionnels autrefois dissociés comme le personnel des technologies de l’information, les concepteurs de bâtiment et les entrepreneurs en construction.

« Cette collaboration entre en jeu dès la première étape de la conception et se fait au moyen d’un protocole normalisé nommé Processus de conception intégrée (PCI) qui réunit les architectes, les gestionnaires d’immeubles et les ingénieurs », explique M. Tubrett.

En amenant ainsi l’équipe de conception à travailler ensemble, le PCI peut réduire et même éliminer des systèmes afin d’optimiser la consommation d’énergie. Bien que le PCI soit déjà utilisé au sein de l’industrie, la CSA propose un projet d’élaboration qui donnerait lieu à la publication d’une Norme nationale canadienne sur le PCI. (Voir Normes intelligentes, bâtiments durables.)

« Le processus comprend des mécanismes d’échange de commentaires pour que tous les intervenants se réunissent et continuent de communiquer entre eux afin que leur conception soit le mieux intégrée possible, explique M. Tubrett. De cette façon, les pratiques les plus efficaces et les plus sensées du point de vue énergétique sont incorporées dès le départ. Aussi, on évite la confusion ainsi que des dépenses engendrées par des changements de conception plus tard à l’étape de la construction. »

La sensibilisation écologique a fait place à des consommateurs avertis du point de vue environnemental qui exigent et s’attendent à trouver des produits et des services plus respectueux de l’environnement. Et les consommateurs ne sont pas les seuls à défendre les pratiques de construction écologiques.

« La construction de bâtiments verts et intelligents est plus courante qu’il y a cinq ans, affirme M. Tubrett. Les grands cabinets d’architectes, les propriétaires d’immeubles, les gouvernements et les consommateurs ont contribué à son expansion. »

En ce moment, il est difficile de chiffrer le nombre total de bâtiments verts et intelligents, car on ne dispose pas encore de données officielles, d’après M. Zimmer. Mais, à son avis, les bâtiments verts et intelligents ne sont pas construits assez rapidement.

Selon le rapport intitulé Bâtiment écologique en Amérique du Nord, publié en 2008 par la Commission de la coopération environnementale (CCE), un organisme établi à Montréal, les bâtiments verts représentent environ deux pour cent du marché des nouvelles constructions non résidentielles aux États-Unis. Malgré ce petit pourcentage, le rapport dit que la construction verte a augmenté considérablement au cours des dernières années et qu’elle devrait presque quintupler (soit se situer entre cinq et dix pour cent d’ici 2010. Les auteurs du rapport reconnaissent que des études exhaustives semblables sur la construction verte au Canada n’ont pas été menées, mais selon eux, il est généralement reconnu que les tendances en matière de construction verte au Canada sont semblables à celles des États-Unis.

L’augmentation du nombre de projets de construction homologués « verts » (par l’entremise de divers systèmes d’évaluation volontaire) est un indicateur des chiffres. L’adoption du programme LEED témoigne de l’essor rapide des bâtiments verts au Canada. En 2006, seulement 42 bâtiments avaient reçu la certification LEED au Canada [2]. Ce nombre a plus que doublé en l’espace de deux ans. En date de juillet 2008, 108 projets avaient été homologués LEED et des centaines d’autres avaient été enregistrés pour obtenir la certification une fois terminés [3].

De plus, entre 1997 et 2007, un programme à participation volontaire offert par Ressources naturelles Canada (RNCan) a certifié 1 132 bâtiments comme étant hautement écoénergétiques. Même si le Programme d’encouragement pour les bâtiments commerciaux a depuis cessé d’exister, ses responsables sont persuadés qu’il a touché 15 pour cent du nombre total de pieds carrés des bâtiments commerciaux au Canada.

Malgré les dommages causés à l’environnement dans le passé par la construction immobilière, les experts conviennent que la construction de bâtiments plus verts et intelligents qui prend en considération leur impact sur l’environnement et le modifie est en train de se faire réalité.

« Si bâtiment vert et intelligent est une expression à la mode ou un terme qui durera, je ne le sais pas, affirme M. Tubrett. Mais les pratiques plus responsables à l’égard de la conception et de l’exploitation des bâtiments, elles, sont là pour rester. »

[1] 2002. Industrie Canada. La Carte routière technologique des bâtiments intelligents (www.ic.gc.ca)
[2] 2006. Rapport du CBDCa, Bâtiments écologiques au Canada : Vue d’ensemble et sommaire des études de cas.
[3] 2008. Rapport du CBDCa, List of all LEED Certified Projects in Canada.

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Cet article est paru pour la première fois dans le volume 35 de la revue CONSENSUS, 2008. L'information qu'il contient était exacte au moment de la publication mais n'a pas été mise à jour ni révisée depuis. Elle pourrait donc ne pas tenir compte de l'évolution récente du sujet traité. Si vous avez des questions au sujet du contenu de cet article, n'hésitez pas à communiquer avec le Conseil canadien des normes.

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Autre renseignements :

CONSENSUS, la revue canadienne de normalisation publiée par le CCN, traite d'un éventail de sujets liés aux normes et examine l'incidence de ces dernières sur l'industrie, le gouvernement et le consommateur.