Le sommeil retrouvé grâce aux normes

2008-04-01

On a tous connu des matins où l'on se sent épuisé, vidé, fatigué outre mesure malgré les heures de sommeil. Pour la majorité des gens, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Mais pour des millions de Canadiens, c'est le signe d'un état connu comme étant l'apnée du sommeil.

Selon l'Association pulmonaire du Canada, environ un adulte sur cinq et des milliers d'enfants souffrent, au pays, d'apnée du sommeil. Les personnes qui en sont atteintes arrêtent de respirer plusieurs fois pendant de brèves périodes durant leur sommeil.

L'apnée obstructive du sommeil, qui se produit lorsque les muscles de l'arrière-gorge se relâchent totalement et bloquent le passage de l'air, est la forme la plus courante de cette affection.

Non seulement les personnes atteintes d'apnée obstructive du sommeil peuvent-elles recevoir un traitement, mais elles sont à présent encore plus susceptibles de le suivre grâce aux dernières modifications apportées à une norme internationale sur l'apnée du sommeil.

La ventilation spontanée en pression positive continue (CPAP) est un traitement — le plus fréquemment prescrit depuis 1985 pour soigner cette forme d'apnée du sommeil — qui consiste en l'utilisation d'un appareil qui insuffle de l'air à l'aide d'un masque porté pendant le sommeil. L'envoi d'air exerce une pression continue qui maintient la gorge ouverte et empêche des arrêts respiratoires.

Néanmoins, bien que la thérapie par CPAP soit efficace, les nombreuses personnes qui l'ont essayée l'ont abandonnée avant la fin du traitement, parce que le ventilateur du système était, à leur avis, extrêmement bruyant et les empêchait de bien dormir.

Les modifications de 2007 à la norme de l'Organisation internationale de normalisation (ISO) relative à la thérapie respiratoire de l'apnée du sommeil (ISO 17510-1-2) s'attaquent au problème des appareils bruyants, dit la docteure Karen Brown, une anesthésiologue de l'Université McGill et la vice-présidente du comité canadien qui a contribué à la révision de la norme.

« La nouvelle norme devrait encourager les gens à utiliser davantage la thérapie par CPAP », ajoute-t-elle.

La version précédente de la norme sur l'apnée du sommeil a été reconnue comme une Norme nationale du Canada, ce qui signifie que la version nationale de cette norme respecte les critères établis par le Conseil canadien des normes, y compris ceux concernant les langues de publication et les effets sur le commerce. L'Association canadienne de normalisation (CSA) intègre actuellement dans ce document (CAN/CSA-C22.2) les modifications apportées.

La dernière version de la norme internationale tient également compte des diverses préoccupations concernant la sécurité des appareils de CPAP. Selon les explications fournies par la Dre Brown, cette norme exige que le tube d'air qui relie le masque au ventilateur soit plus résistant au pliage au cas où le patient s'enroulerait sur le tube pendant son sommeil. La Dre Brown précise que la norme comporte des prescriptions d'essai qui pourraient empêcher les patients de suffoquer si l'alimentation électrique faisait défaut pendant la nuit.

Une coupure de courant serait « un sérieux problème », selon la Dre Brown. Comme le ventilateur continue à envoyer de l'oxygène dans le masque, le dioxyde de carbone de l'air expiré par le patient se dissipe tout simplement. Mais, s'il y a une panne d'électricité et que le patient ne se réveille pas lorsque l'appareil s'arrête, il risque de suffoquer en inhalant le dioxyde de carbone accumulé dans le masque. L'essai de réinspiration, prévu dans la norme révisée, aide les fabricants à déterminer si le masque permet aux patients de respirer l'air frais même lorsque l'appareil ne fonctionne pas.

« Nous sommes au Canada : des pannes de courant, nous allons en avoir, dit la Dre Brown. Ces changements devraient permettre aux gens de se sentir plus en sécurité lorsqu'ils utilisent la CPAP. »

Toute mesure qui encourage les gens à poursuivre le traitement par CPAP est une bonne nouvelle. Selon l'Association pulmonaire du Canada, le fait que les gens abandonnent le traitement par CPAP est la principale raison pour laquelle la thérapie cesse de fonctionner.

Les personnes atteintes d'apnée du sommeil ont aussi tendance à souffrir de fatigue chronique parce qu'elles se réveillent brièvement lorsqu'elles halètent à la fin de chaque cycle de sommeil. D'après le docteur John Fleetham, un spécialiste des troubles respiratoires à l'Hôpital général de Vancouver, en Colombie-Britannique, un sommeil de mauvaise qualité peut nuire au fonctionnement quotidien d'une personne.

« La somnolence diurne a des conséquences importantes sur le rendement au travail, dit-il. Elle est également une des principales causes des accidents d'automobile : si vous souffrez d'apnée du sommeil, vous êtes sept fois plus susceptible d'avoir un accident de la route. »

L'apnée du sommeil est aussi liée à des maladies graves, comme les troubles cardiaques ou les accidents vasculaires cérébraux, du fait que, selon le Dr Fleetham, la baisse momentanée de l'oxygène augmente la pression artérielle et fatigue davantage le cœur.

« C'est un état qui est considéré aussi grave que l'hypertension et le diabète, parce qu'il contribue aux crises cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux », d'ajouter le Dr Fleetham.

Selon lui, la thérapie par CPAP est le traitement le plus important qui a été mis au point en pneumologie ces 25 dernières années.

« Ce traitement est incroyablement important pour ceux qui souffrent d'apnée du sommeil », affirme le Dr Fleetham. « C'est un trouble très répandu — on estime qu'il y a environ un million de personnes dans le monde qui entreprennent ce traitement chaque année. »

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