Quand une sanction pour infraction environnementale sert d’aiguillon au leadership...
À la fin des années 1990, le ministère de l’Environnement de l’Alberta a sévi contre la ville de Calgary à la suite d’une importante fuite de chlore gazeux d’une de ses usines de filtration d’eau. La ville a été tenue d’obtenir pour toutes ses usines de filtration d’eau la certification selon la norme de l’Organisation internationale de normalisation pour les systèmes de management environnemental (ISO 14001).
En même temps, le conseil et le personnel de la ville ont adopté une nouvelle mentalité.
« Lorsque nous avons été obligés de rehausser la diligence et d’obtenir la certification ISO 14001, il nous a tout simplement paru logique de le faire à grande échelle, de façon à rehausser la diligence dans l’ensemble de la municipalité », dit Shannon Abbott, chef d’équipe du Service de l’environnement et de la gestion de la sécurité de Calgary.
En 2003, Calgary est devenue la première municipalité nord-américaine certifiée ISO 14001.
« Nous avons largement augmenté la sensibilisation environnementale dans toute la municipalité, dit Mme Abbott. Tout le monde connaît les implications environnementales de son travail, depuis le directeur municipal jusqu’aux préposés à l’entretien hivernal des chaussées. Et tout le monde s’en préoccupe. »
Calgary s’inscrit dans un mouvement, dans le milieu des municipalités canadiennes, qui fait place au développement environnemental en même temps qu’au développement économique et social. Il s’agit de veiller à ce que les opérations municipales soient plus intelligentes et plus durables.
André Lambert, le directeur adjoint responsable du Fonds municipal vert (FMV) de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), affirme qu’il y a indiscutablement une tendance à l’adoption par les administrations municipales de pratiques durables sur les plans environnemental, social et économique.
« Il y a beaucoup de travail qui se fait au niveau municipal, dit-il. Les administrations municipales canadiennes font preuve d’un véritable leadership en matière de développement durable. »
La FCM apporte un appui direct au mouvement par le truchement de son FMV. Celui-ci consent des prêts à faible taux d’intérêt, accorde des subventions et fournit de l’information pour aider les municipalités à rehausser la durabilité environnementale, sociale et économique des collectivités. Depuis sa création en 2000, le Fonds municipal vert de la FCM a octroyé plus de 375 millions de dollars en subventions et prêts à faible taux d’intérêt pour appuyer presque 700 projets d’avant-garde de développement durable des collectivités. Ces initiatives soutenues par le FMV ont engendré une activité économique de presque 2,2 milliards de dollars dans près de 350 collectivités de toutes les régions du Canada.
M. Lambert invoque un des programmes de la FCM elle-même comme preuve de l’essor pris par le mouvement en faveur des collectivités durables et intelligentes au Canada. La FCM organise chaque année une tournée d’étude dans diverses villes afin de permettre aux élus et cadres municipaux de constater comment des collectivités ont mis en œuvre des pratiques écologiquement viables dans leurs activités.
En 2008, la délégation a visité différents lieux à Vancouver et dans sa région, la municipalité de villégiature de Whistler, la ville de Victoria et la région de la capitale. La Mission sur les collectivités viables 2008 de la FCM fait suite à la mission de l’année passée en Alberta — la première, depuis que la FCM a commencé à proposer ces tournées, où toutes les escales prévues étaient des municipalités canadiennes.
M. Lambert dit que pour la FCM, une collectivité durable intègre des objectifs environnementaux, sociaux et économiques à ses activités. À long terme, dit-il, cette combinaison d’éléments produit des avantages dépassant de loin les coûts des changements.
À Calgary, surtout connue pour ses rodéos et ses liens à l’industrie pétrolière, la certification ISO 14001 du système de management environnemental de la municipalité a été un grand défi à relever, selon Mme Abbott.
« Cela n’a certainement pas été facile, dit-elle. Nous savons pourquoi nous avons été la première municipalité d’Amérique du Nord à le faire : il a fallu beaucoup de travail, et il reste encore des choses à améliorer. »
Cependant, comme l’ajoute Mme Abbott, la ville commence à voir les fruits de son engagement en faveur d’une saine gestion environnementale.
Elle dit que la ville est devenue plus efficace dans ses activités quotidiennes depuis qu’elle a souscrit à la norme.
« Nous sommes beaucoup mieux organisés et plus rigoureux dans notre documentation », indique-t-elle. La ville a ainsi réalisé des économies de temps, surtout en ce qui concerne la formation des nouveaux employés dans un lieu de travail qui connaît un fort taux de roulement.
« Avant, quand quelqu’un quittait l’organisation, il emportait énormément de connaissances, dit Mme Abbott. Grâce à la documentation et à une bonne gestion des dossiers, nous avons réduit les problèmes lorsque des gens changent d’emploi ou partent à la retraite. Maintenant, l’information reste dans l’organisation. »
La ville de Fredericton a aussi récolté des avantages environnementaux en devenant une ville intelligente. Après environ les cinq ans qu’il a fallu pour se transformer de ville universitaire et gouvernementale en centre de connaissances et de technologie de l’information, la municipalité est devenue en 2004 la première au Canada à obtenir la certification selon la norme ISO des systèmes de management de la qualité (ISO 9001).
Don Fitzgerald est le directeur général de l’organisme municipal de développement commercial, Équipe Fredericton. Il affirme que la certification ISO 9001 était un élément logique des efforts consacrés par la ville au développement durable.
« C’est une question de viser la qualité et l’excellence, et c’est montrer à nos citoyens et au monde entier que cette municipalité est bien gérée et qu’elle s’efforce de relever les défis », explique M. Fitzgerald.
L’un des objectifs auxquels la ville s’attaque est la réduction de ses effets négatifs sur l’environnement. Elle entend réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’administration de 20 pour cent, et celles de la collectivité, de 6 pour cent entre 2000 et 2010. Fredericton s’efforce aussi de devenir la première ville au Canada à observer les exigences du Protocole de Kyoto.
Selon M. Fitzgerald, la certification va de pair avec cet objectif.
« C’est un élément essentiel de notre stratégie de développement, dit-il. Nous disons ce que nous voulons accomplir et nous accomplissons ce que nous disons. »
Jusqu’à présent, la ville a rehaussé l’efficacité énergétique des immeubles municipaux, réduit la taille de son parc de véhicules, remplacé certains véhicules plus âgés par des modèles hybrides et remplacé des luminaires urbains incandescents par des modèles à DEL.
Des projets de ce genre ont permis à la ville de remporter plusieurs prix environnementaux, comme le Prix pour la prévention de la pollution – réduction des gaz à effet de serre de 2006 du Conseil canadien des ministres de l’environnement (CCME), le prix 2006 en leadership environnemental et des mentions élogieuses d’Environnement Canada et de l’ancien vice-président américain devenu champion de l’environnement Al Gore.
En mai 2008, les efforts consacrés par Fredericton à l’environnement ainsi que son infrastructure de réseaux informatiques sans fil favorables à la diffusion des connaissances ont valu à la ville une place parmi les « sept collectivités les plus intelligentes » au monde selon le groupe de réflexion new-yorkais Intelligent Community Forum.
Fredericton a de nombreux autres projets en chantier, y compris l’aménagement de pistes cyclables dans toute la ville, l’adoption d’une politique contre la marche au ralenti pour les véhicules municipaux en hiver et en été, et le remplacement de conduites d’eau et d’égout vieillissantes afin de conserver l’eau.
M. Fitzgerald affirme que ces projets font tous partie de la façon dont Fredericton envisage son avenir en tant que collectivité intelligente.
« Notre économie est animée par des entreprises du savoir – dans le secteur des TIC [technologies de l’information et des télécommunications], le secteur du génie, la géomatique, dit-il. C’est ce qui nous définit. »
Et de conclure : « Nous tentons de créer les conditions pour que la prochaine vague économique à Fredericton soit celle de l’économie verte. »
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Cet article est paru pour la première fois dans le volume 35 de la revue CONSENSUS, 2008. L'information qu'il contient était exacte au moment de la publication mais n'a pas été mise à jour ni révisée depuis. Elle pourrait donc ne pas tenir compte de l'évolution récente du sujet traité. Si vous avez des questions au sujet du contenu de cet article, n'hésitez pas à communiquer avec le Conseil canadien des normes.