![]() La Terre va-t-elle manquer d'eau?2010-04-22Le Canada est un des pays les plus riches au monde en ressources naturelles. Ses habitants ont accès à environ 20 pour cent des ressources mondiales en eau douce. Il est donc facile pour eux de s’imaginer qu’ils disposent d’un approvisionnement presque inépuisable en eau douce saine. Cependant, les scientifiques préviennent que la situation actuelle pourrait changer radicalement à mesure que progressent les changements climatiques.
Dans un document technique sur le changement climatique et l’eau publié en juin 2008 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) — un organisme scientifique établi par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), dans le but d’évaluer l’état actuel des changements climatiques et leurs conséquences possibles —, le GIEC fait valoir que « l’eau, sa disponibilité et sa qualité seront les principales contraintes qui s’exerceront sur les sociétés et sur l’environnement soumis au changement climatique. » Le document du GIEC précise qu’en Amérique du Nord les changements climatiques auront pour effet de réduire la quantité d’eau douce disponible pour l’agriculture, les municipalités, les industries et les écosystèmes. Dans son rapport de 2004 intitulé Impacts et adaptation liés au changement climatique : perspective canadienne, Ressources naturelles Canada (RNCan) prédit également une réduction de la quantité d’eau douce disponible au Canada. Il met en garde contre l’éventualité de voir une diminution de la couverture de neige à l’hiver dans la plupart des régions du pays, une intrusion saline dans l’eau douce des régions côtières et, dans l’ensemble, une baisse de la qualité de l’eau dans la majeure partie du Canada. « En raison de la diminution de l’approvisionnement en eau, du moins saisonnière, et de l’augmentation des problèmes liés à la qualité de l’eau, les Canadiens disposeront d’une moins grande quantité d’eau de bonne qualité, dit RNCan dans son rapport. Les écarts entre l’offre et la demande se multiplieront, et des changements technologiques et comportementaux ainsi que des changements sur le plan de la gestion seront requis pour régler les conflits éventuels. » Ces conflits sont aussi décrits par la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie (TRNEE), qui produit actuellement une série de rapports consultatifs, chacun portant sur les risques et les possibilités économiques associés aux changements climatiques au Canada. Un de ces rapports sera axé sur les risques et les avantages que présentera le réchauffement climatique pour le Canada au cours des 100 prochaines années au chapitre des ressources en eau et des infrastructures hydrauliques. T. Duncan Ellison, directeur administratif de l’Association canadienne des eaux potables et usées et membre de plusieurs comités nationaux et internationaux d’élaboration de normes, dit que les infrastructures hydrauliques canadiennes subissent déjà les effets des changements climatiques. Selon lui, les périodes de sécheresse qu’ont connues la Saskatchewan et l’Alberta en 2009 sont la preuve que les disponibilités en eau diminuent déjà en raison des régimes climatiques. Vu les risques de sécheresse dans certaines régions et d’inondation dans d’autres, M. Ellison explique que la conservation de l’eau potable est l’une des mesures les plus importantes que le public et les gouvernements puissent prendre. Bien que la solution la plus commune citée soit que les gens réduisent leur consommation d’eau, cette approche comporte nettement certaines limites. L’exemple que donne M. Ellison est le suivant : l’industrie utilise souvent de grandes quantités d’eau pour ses dispositifs de refroidissement, faute de quoi elle pourrait faire face à des problèmes de sécurité et des risques d’incendie. Réduire tout simplement sa consommation d’eau n’est donc pas toujours une solution pratique. Toutefois, la technologie des eaux usées offre d’autres solutions possibles. Certaines ont déjà été mises en œuvre. M. Ellison souligne que, pour répondre aux besoins en refroidissement des industries locales, la Ville d’Edmonton leur vend maintenant de l’eau usée traitée plutôt que de l’eau potable. « Il se peut que ces entreprises ne puissent pas obtenir les permis nécessaires pour puiser une plus grande quantité d’eau des réserves d’eau potable, donc elles utilisent plutôt l’eau qui a déjà été utilisée ailleurs, puis traitée pour en améliorer la qualité. L’eau de meilleure qualité est donc réservée à l’alimentation en eau potable. » Il ajoute que les eaux usées traitées peuvent aussi servir à irriguer les terres cultivées et les terrains de golf. À mesure que les ressources en eau douce s’épuisent, explique-t-il, la société est plus encline à consommer encore plus d’eaux usées. C’est ce qui se passe présentement en Europe et en Afrique, où la demande dépasse l’approvisionnement en eau douce. « En Belgique et en Australie, on a établi de nouveaux règlements qui stipulent qu’un dispositif de collecte des eaux de pluie doit être installé dans toutes les habitations nouvellement construites et que l’eau recueillie doit être utilisée pour alimenter la chasse d’eau des toilettes ou arroser la pelouse, dit M. Ellison. Cette mesure permet d’économiser plus de 5 000 litres d’eau au cours d’une année. » Bien qu’aucun règlement de ce genre n’ait été institué jusqu’ici au Canada, M. Ellison s’attend à ce que des politiques de conservation de l’eau plus rigoureuses soient établies à mesure que les Canadiens se rendront compte des effets des changements climatiques. Il prévoit que, lorsque de tels règlements seront mis en place, ils citeront des normes qui offrent déjà des lignes directrices quant à l’utilisation de l’eau. « Les chargés de la réglementation ont tendance en effet à avoir recours à des normes axées sur le consensus, le gros du travail ayant déjà été fait pour eux », ajoute-il. Bon nombre des normes nationales et internationales axées sur la qualité de l’eau sont susceptibles de contribuer aux politiques publiques. M. Ellison explique qu’il participe aux comités d’élaboration de normes de l’Organisation internationale de normalisation (ISO) et de l’Association canadienne de normalisation (CSA) en partie pour comprendre l’utilité et les répercussions de ces normes. T. Duncan Ellison est membre du Comité consultatif canadien du comité technique de l’ISO sur les activités de service relatives aux systèmes d’alimentation en eau potable et aux systèmes d’assainissement — Critères de qualité du service et indicateurs de performance (CCC/ISO/TC 224) —, qui a élaboré trois normes. Ces normes visent à aider les autorités responsables des eaux et leurs exploitants à atteindre un niveau de qualité qui répond le mieux aux attentes des consommateurs et aux principes du développement durable. Au niveau national, la norme élaborée par la CSA qui porte sur la conception et l’installation des réseaux d’eau non potable dans les immeubles (CAN/CSA-B128.1-06/B128.2-06) a été approuvée par le Conseil canadien des normes comme Norme nationale du Canada et sera citée en référence dans la prochaine édition du Code national de la plomberie du Canada. Non contents de se demander « la Terre va-t-elle manquer d’eau? », M. Ellison et d’autres membres du Système national de normes du Canada ont choisi d’élaborer des solutions durables aux défis environnementaux et de contribuer à la préservation de l’une des ressources les plus importantes du Canada. Pour savoir ce qu’il faut faire pour participer aux comités et aux programmes de normalisation et d’évaluation de la conformité, consultez la section « Participer » du site web du CCN. -30- Chaque année, le Jour de la Terre® (le 22 avril), on nous rappelle de porter attention à de nombreuses initiatives et activités environnementales valables, dont la conservation de l’eau est l’un des nombreux secteurs importants à surveiller. Jour de la Terre® est une marque de commerce de Jour de la Terre Canada (1991) Inc., qui est utilisée avec l’autorisation de Jour de la Terre Canada (1991) Inc. |